(source centre antipoison Belgique)

Les poils de la chenille processionnaire provoquent une réaction urticarienne, éruption douleureuse avec fortes démangeaisons. Une intervention médicale est souvent nécessaire. Les poils urticants persistent longtemps après la disparition de la chenille, l’éradication des nids est réservée aux professionnels.

 

Introduction


La chenille processionnaire est la larve d'un papillon de nuit, le Thaumetopoea processionaria. Ce papillon pond des oeufs à la fin de l'été aux extrémités des branches des chênes. Vers la fin du mois d'avril éclosent de petites chenilles. Les jeunes chenilles sont oranges et nues. Après la 3ème mue, de la mi-mai jusqu'à juin, elles deviennent brunes et les premiers poils apparaissent sur le dos. En juillet, les chenilles fabriquent leur cocon. La métamorphose en papillon se produit en août. Les papillons ainsi formés vont à leur tour s'accoupler et pondre des oeufs.

Les poils de la chenille processionnaire sont urticants. Ces propriétés urticantes persistent même après la disparition de la chenille.

Les chenilles processionnaires vivent en groupe et forment sur les plus grosses branches de grands nids, sortes de pelotes serrées faites de la peau des mues successives, de poils urticants et d'excréments. Les chenilles se nourrissent la nuit. Pour cela, elles se déplacent en longues files (d'où leur nom) vers leur nourriture, les feuilles de chêne. Elles peuvent ainsi dépouiller complètement un arbre de son feuillage.

En Belgique, elles se retrouvent principalement dans les provinces d'Anvers, du Limbourg et du Brabant flamand. Les problèmes se présentent de la mi-mai (dus aux chenilles) jusqu'en septembre (à cause des nids vides pleins de poils urticants).

 

Exposition aux chenilles processionnaires - les symptômes


Les poils urticants se terminent en pointe et portent à leur extrémité de petits crochets. Ils se détachent facilement de la chenille lors d'un contact ou sous l'effet du vent. Par leur structure particulière, ces poils s'accrochent facilement aux tissus (la peau et les muqueuses) y provoquant une réaction urticarienne par libération d'histamine (substance aussi libérée dans les réactions allergiques). Ceci est à l'origine des symptômes suivants :

  • Contact avec la peau

Apparition dans les huit heures d'une éruption douloureuse avec de sévères démangeaisons. La réaction se fait sur les parties découvertes de la peau mais aussi sur d'autres parties du corps. Les poils urticants se dispersent aisément par la sueur, le grattage et le frottement ou par l'intermédiaire des vêtements.

  • Contact avec les yeux

Développement après 1 à 4 heures d'une conjonctivite (yeux rouges, douleureux et larmoyants). Quand un poil urticant s'enfonce profondément dans les tissus oculaires, apparaissent des réactions inflammatoires sévères avec, dans de rares cas, évolution vers la cécité.

  • Contact par inhalation

Les poils urticants irritent les voies respiratoires. Cette irritation se manifeste par des éternuements, des maux de gorge, des difficutés à déglutir et éventuellement des difficultés respiratoires dues à un bronchospasme (rétrécissement des bronches comme dans l'asthme).

  • Contact par ingestion

Il se produit une inflammation des muqueuses de la bouche et des intestins qui s'accompagne de symptômes tels que de l'hypersalivation, des vomissements et des douleurs abdominales.

Une personne qui a des contacts répétés avec la chenille processionnaire, présente des réactions qui s'aggravent à chaque nouveau contact. Dans les cas sévères,  il peut y avoir un choc anaphylactique mettant la vie en danger (urticaire, transpiration, oedème dans la bouche et la gorge, difficultés respiratoires, hypotension et perte de connaissance).

 

Traitement

 

Symptômes généraux

Les personnes qui, en plus des signes locaux, présentent des symptômes généraux tels que malaise, vertiges, vomissements, doivent être dirigées vers un hôpital.

 

Peau

Oter tous les vêtements et les manipuler avec des gants. Les vêtements seront lavés à température la plus élevée possible et séchés au séchoir.

Laver la peau abondamment à l'eau et au savon.

On peut éventuellement se servir de papier collant pour décrocher les poils urticants de la peau, un peu à la manière d'une épilation.

Brosser soigneusement les cheveux si nécessaire.

Les antihistaminiques peuvent soulager les démangeaisons. Consultez un médecin en cas de forte éruption cutanée.

 

Yeux

Les yeux doivent être rincés, de préférence chez un ophtalmologue après application d'une solution anesthésique locale. Après le rinçage, un examen minutieux des yeux excluera la présence de poils urticants résiduels. Les poils profondément ancrés dans les tissus oculaires doivent être ôtés chirurgicalement.

 

Voies respiratoires

L'évaluation des symptômes respiratoires se fait par un médecin. Celui-ci donne un traitement adapté aux symptômes. Le traitement comporte des antihistaminiques et/ou des corticoïdes et des aérosols ou des nébulisations.

 

Système disgestif

Diluer la quantité de poils ingérés en buvant un grand verre d'eau. On peut tenter d'enlever les poils de la muqueuse de la bouche en raclant prudemment à l'aide d'une spatule ou d'une compresse ou en les "épilants" à l'aide de papier collant. Une endoscopie sous anesthésie générale est souvent nécessaire pour extraire les poils urticants profondéments ancrés dans les muqueuses de la bouche, de la gorge ou de l'oesophage.

 

Prévention


Les personnes précédemment atteintes par la chenille processionnaire doivent éviter tout nouveau contact, des réactions de plus en plus sévères sont à craindre. Ceci est particulièrement important pour les personnes qui, de par leur profession, fréquentent régulièrement des lieux infestés. L'éviction peut se faire par le port de vêtements de protection : gants et bottes de caoutchouc, combinaison de protection étanche , masque et lunettes anti poussières.

Les poils urticants sont facilement dispersés par le vent. Dans les régions où sévissent les chenilles, certaines précautions sont recommandées :

  • ne pas sécher le linge dehors de mai à septembre
  • laver soigneusement les légumes du jardin
  • arroser la pelouse pendant quelques jours avant de la tondre pour que les poils urticants soient entraînés dans le sol
  • ne pas laisser jouer les enfants à proximité d'un arbre atteint. A distance, les munir de vêtements à longues manches, de pantalons, d'un couvre-chef et éventuellement de lunettes.

 

Lutte


N'essayez en aucun cas d'éliminer vous-même les chenilles processionnaires. L'utilisation sans discernement d'insecticide ou de nettoyeur à haute pression peut créer davantage de problèmes. L'effet irritant des poils persiste plusieurs années après la disparition des chenilles. Quand le traitement anti chenille disperse des poils dans l'environnement, ces poils peuvent causer des problèmes pendant des années.

La lutte contre les chenilles processionnaires est une affaire de professionnels (les pompiers par exemple). La méthode la plus efficace consiste à brûler et aspirer les chenilles et leurs nids, de préférence tôt dans la saison quand les poils urticants ne sont pas encore développés.